Qui se souviendra de moi
Lorsque ma main tremblera
Lorsque ma plume n’aura plus d’encre
Lorsque ma mémoire réclamera le repos
Qui se souviendra de toi
Lorsque ta voix ne fera plus de trémolos
Lorsque tu ne pourras plus chanter
Lorsque tu ne pinceras plus tes cordes
Ils se tourneront
Ils t’oublieront
Ils loueront d’autres plumes
Ils écouteront d’autres voix
Ils dessineront un autre présent
Ils prépareront un autre futur
Ils applaudiront d’autres
Ils admireront d’autres
Qui se souviendra de toi
Lorsque tu louperas le panier
Lorsque tu chercheras d’autres buts
Lorsque tu trembleras devant leurs filets
Qui se souviendra de toi
Lorsque tu perdras l’allure
Lorsque tu n’auras plus ce sourire
Lorsque tu n’auras plus ce charme
Tu feras partie de l’histoire
Même vivant
Personne ne voudra plus
De toi que tu sois
La foule te foulera
L’autre tu l’étudieras
Le moi tu le retrouveras
Les glorioles il te les volera
Que retiendrez-vous de moi
Que j’ai été un bon ministre
Que j’ai été un homme sinistre
Que j’étais un homme sans cœur
Que j’étais un bon parleur
Que retiendrez-vous de moi
Que j’étais prolixe en promesses
Que j’étais avare du donner
Que j’étais chiche du recevoir
Que retiendrez-vous de moi
L’homme qui hâblait sans stress
L’homme qui parlait sans cesse
L’homme ahanait les foules
L’homme qui haranguait les foules
Que retiendrez-vous de moi
Ces richesses bien trop matérielles
Ces largesses bien trop immatérielles
Cette matière qui trop m’incarnait
Cette matière qui trop me définissait
Que retiendrez-vous de moi
Si jamais j’en vaux la peine
Une médaille à titre posthume
Pour celui qui s’étouffait des costumes
Pierre Emmanuel OMBOLO MENOGA