L’AUBE MERVEILLEUSE

Que c’était beau quand j’étais petit

Les étoiles me souriaient

Pour m’endormir à points fermés

Je m’amusais à les compter

Que c’était beau quand j’étais petit

Chaque soir en ouvrant la fenêtre

La lune me saluait

Chaque matin en ouvrant les volets

Que c’était beau quand j’étais petit

Le soleil me poursuivait

Partout où j’allais ou

Attendait patiemment au-dessus de ma tête

Que c’était beau quand j’étais petit

Le ciel était le couvercle de la terre

Juste au-dessus de nos têtes rêveuses

Que les fusées risquaient de transpercer

Que c’était beau quand j’étais petit

Les nuages n’arrêtaient pas de se déplacer

Pour dessiner toute sorte de belles choses

Très souvent ils peignaient le visage du Très Haut

Que c’était beau quand j’étais petit

Le matin je rêvais d’être peintre

A midi j’admirais les pâtissiers

Le soir venu je voulais être comme mon Papa

Que c’était beau quand j’étais petit

Mon père était l’homme le plus vigoureux

Ma mère était la femme la plus belle

Ma maitresse était la femme la plus instruite

Que c’était beau quand j’étais petit

J’étais entouré de mes tatas

Que mes tontons ramenaient à la maison

J’étais bien choyé par ces amours plurielles

Que c’était beau

Quand j’étais petit

Moi qui étais joyeux d’être tout petit

Je ne regrette qu’une chose c’est d’avoir grandi

Que c’était beau quand j’étais petit

Je me contentais de poser des questions

Les réponses ne servaient qu’à poser d’autres questions

Je me contentais de pousser des exclamations

Que c’était beau quand j’étais petit

Lorsque la réalité ne me convenait pas

Je façonnais les choses à ma guise

Je n’étais qu’un joyeux mythomane

Que c’était beau quand j’étais petit

Les oiseaux faisaient des balais au ciel

En chantant pour moi tout seul

En me livrant des coucous

Que c’était beau quand j’étais petit

Les feuilles des arbres me saluaient

Les chenilles m’attendaient pour leur premier essai

Les papillons me proposaient d’insouciantes envolées

Que c’était beau quand j’étais petit

Je courais sous la pluie

Je n’avais pas peur du palus

Je transpirais de joie naïve

Que c’était  beau quand j’étais petit

Je courais un peu partout

J’avais une quantité de copains

Je jouais et mangeais c’était tout

Que c’était beau quand j’étais petit

J’étais persuadé qu’avec des bises

Seulement des parents faisaient des enfants

Que les enfants pouvaient rentrer dans l’autre

Que c’était beau quand j’étais petit

Je prêtais attention à mon ombre

Lorsqu’elle changeait de taille

Nous nous livrions la course poursuite

Que c’était beau

Quand j’étais petit

Je n’étais garant de rien

J’étais paré de l’aube

Pierre Emmanuel OMBOLO MENOGA